Le bambou, originaire majoritairement d’Asie et des Amériques, est utilisé depuis des millénaires pour confectionner de nombreux objets. Sa rapidité de croissance phénoménale, sa résistance, sa légèreté et sa souplesse en ont fait un matériau de choix. De nombreux produits en bambou, de la brosse à dents à la paire de chaussettes, se présentent comme étant « plus écologiques ».
Qu’en est-il vraiment? Ce dernier est-il un choix écolo?
Sommaire
Avantages de ces tiges vertes
Le bambou restaure les sols
Le bambou restaure les sols en éliminant certaines toxines et peut donc être utilisé en agriculture régénérative. Cette forme d’agriculture repose sur l’idée de régénération des sols. Elle est tenue par certains scientifiques et agriculteurs comme une voie d’avenir pour changer nos modes de production. Encore mieux que l’agriculture biologique, l’agriculture régénérative !
Au lieu d’épuiser les sols, on cherche à les nourrir et les équilibrer au travers du choix des cultures. C’est une plante qui participe à la régénération des sols, apportant carbone et oxygène. De plus, elle est facile à cultiver.
Le bambou pousse très vite
C’est la plante qui pousse le plus vite au monde, certains bambous peuvent pousser d’un mètre par jour, naturellement et sans engrais.
Un excellent capteur de CO2
Le bambou permet de lutter efficacement contre l’effet de serre grâce à une absorption non négligeable de ces gaz. L’absorption du gaz à effet de serre par ce dernier est 5 fois plus importante qu’un volume équivalent d’arbres, en plus de produire 35% d’oxygène supplémentaire !
La photosynthèse du bambou, est largement supérieure par rapport aux arbres ou aux autres plantes car il reste vert toute l’année et possède une croissance beaucoup plus rapide.
Une forêt de cette plante de 1 hectare peut capter jusqu’à 60t de CO2 par an suivant l’espèce et le type de culture. Ce qui correspond à une rétention 30 fois plus importante que la culture d’autres plantes.
Le bambou, une alternative à prendre en compte
Il est également très léger ce qui permet de réduire considérablement les émissions de carbone lors des transports.
Limitant l’érosion et fixant le CO2 jusqu’à 30% de plus qu’un arbre feuillu, c’est une alternative au bois, mais aussi aux métaux et aux plastiques. La culture du bambou ne nécessite pas de fertilisants, herbicides ou pesticides. Autre avantage de taille, il restaure les sols en éliminant certaines toxines et peut donc être utilisé en agriculture régénérative.
Fort de ces caractéristiques, le bambou obtient donc, à priori, une excellente note écologique.
Inconvénients du bambou
Le bambou est considéré comme une plante invasive
Il y a pourtant un bémol, car le bambou est classé comme plante invasive. Cela est surtout dû à ses racines, qui sont en fait des rhizomes et envahissent les terrains à grande allure. C’est le revers de la médaille d’une plante facile à cultiver.
Les plantes invasives peuvent endommager des écosystèmes entiers, comme c’est le cas en Europe où il a été importé. Là où les bambous prennent du terrain, d’autres plantes vitales à l’écosystème ne peuvent plus pousser, au détriment de l’ensemble de la faune et de la flore.
L’écosystème est donc modifié. Dans certains cas, l’écosystème peut s’accommoder relativement aisément de l’introduction d’une plante non-native. Dans d’autres cas la plante importée prend le dessus et éradique l’écosystème originel, laissant place à une monoculture appauvrissant l’environnement. C’est le cas de cet arbre invasif.
Le bambou peut contribuer à la déforestation
La production à très grande échelle de bambou contribue aussi à la déforestation de certaines zones de forêts natives. En Asie, des forêts entières on été rasées, sans sourciller, pour faire place à la monoculture de bambou. Le problème étant, non pas le bambou en lui-même, mais le mode de production en monoculture démesurée. La monoculture épuise les sols, éradique la biodiversité nécessaire, et génère donc plus de risques de maladies. Une fois le bambou installé, impossible de retrouver la biodiversité originelle.
Autre impact écologique non-négligeable : son empreinte carbone. La plupart des plantations de bambou sont en Asie ou en Amérique Latine. Votre bambou vient généralement de loin…
Que penser du bambou ?
Alors le bambou, c’est le matériau écologique du moment, ou un autre produit du « greenwashing[« ?
La culture de cette plante nécessite donc d’être contrôlée. Tout est question de source et d’échelle : d’où vient le bambou utilisé et à quel prix écologique ?
Bon point pour ce dernier : il peut remplacer les plastiques et les métaux dans beaucoup d’objets du quotidien. Plastiques et métaux ont généralement un impact écologique bien pire que ce dernier.
Le bambou, une source végétale compostable
En fin de vie, les objets en bambou sont compostables, puisqu’il s’agit d’une source végétale. C’est une immense différence avec le plastique, dont la surproduction est devenu un réel fléau et qui demande un investissement conséquent pour être recyclé. Cela paraît peut-être un moindre mal, mais en réalité la différence d’impact écologique est conséquente.
Et bonne nouvelle : il existe du bambou dont la production est contrôlée sur le marché.
Le bambou : pour quoi faire?
En Chine, le bambou est une plante à tout faire. De la construction aux objets du quotidien, jusque dans leurs assiettes, les chinois ont utilisé et l’utilisent partout.
Construction et parquets
Le bambou est un matériau remarquable pour la construction des maisons, des infrastructures et des moyens de transport. Il sert à faire des poutres, des parquets, des toits, des ponts, ou encore des bateaux.
Il défie étonnamment les qualités de l’acier et du bois car il est plus résistant que ces derniers. En Inde et en Chine, on peut voir des gratte-ciels imposants, construits avec des échafaudages en bambou.
Dans le domaine de la construction, il est généralement un choix plus écologique que ses compétiteurs, métaux et bois. Il existe des exceptions lorsqu’il s’agit de bambous très transformés, qui utilisent des produits chimiques. Une fois de plus, le problème n’est pas le ces grandes tiges vertes mais certains produits ajoutés.
Attention quand on évalue un produit chinois
Cela est le cas des parquets par exemple. On trouve des parquets respectant tous les critères écologiques sur le marché, mais aussi des produits à plus bas prix qui utilisent des produits chimiques lors du processus de transformation. L’utilisation de produits chimiques polluants est beaucoup moins régulée en Chine qu’en Europe, il nous faut donc redoubler d’attention pour évaluer un produit chinois.
Dans les parquets produits à bas prix en Chine, on trouve de l’acide acétique, un produit corrosif. Ces planchers peuvent émettre des composés organiques volatiles, mauvais pour la santé et l’environnement. Mais en acheteur averti, tournez-vous vers des fournisseurs qui garantissent l’origine de ce dernier et optent pour des procédés de transformation écologiques. Cette observation vaut aussi pour les meubles.
Ustensiles du quotidien
La plupart des ustensiles du quotidien asiatique sont en bambou. Baguettes pour manger, cuillères, spatules, mais aussi paniers, cannes à pêches, voire même pipe à opium, tous ces objets sont traditionnellement faits de bambou.
L’arrivée des ustensiles de cuisine sur le marché européen nous fournit une alternative bienvenue aux métaux et aux plastiques. Récemment, la brosse à dents en bambou a fait son entrée sur le marché vert, offrant une alternative à notre consommation de plastique effrénée. Comme avec le cure-oreille, ce cure oreille pour se nettoyer les oreilles et remplacer les cotons tiges.
En remplaçant les ustensiles en plastique courants par des objets en bambou, nous réduisons notre production de déchets plastiques quotidienne.
Le bambou est également utilisé dans le cadre de la fabrication de charbon actif. Sa capacité adsorbante en fait un excellent charbon actif pour purifier l’eau du robinet.
Instruments au service de la création
Le bambou a sa place dans le monde des arts également. De nombreux instruments de musique en sont faits. Pinceaux et papiers sont également faits de bambou. Entre un papier issu de bois ou issu de bambou, ce qui fera la différence, ce sont les conditions de production de ces derniers.
Textile : fibre et viscose de bambou
Dans le cas des textiles, attention carton rouge : la viscose de bambou, parfois vantée comme naturelle et antibactérienne, nécessite des traitements chimiques complexes et…. ultra-polluants. En effet, pour produire cette viscose, il faut d’abord dissoudre le bambou à l’aide de soude caustique, puis le traiter avec des sulfates de soude et de l’acide sulfurique.
La plupart des textiles faites de cette matière reçoivent donc une mauvaise note écologique. Cependant, il y a des exceptions.
Différents textiles
Certains tissus d’habillement à base de bambou sont naturels et écologiques. La plupart du temps ils sont faits en fibre de bambou et non en viscose de bambou. Ils sont généralement plus chers car le mode de production est plus compliqué. Pour justifier le prix, les fabricants renseignent généralement le mode de production. Pour la reconnaître, la fibre de cette tige naturelle est relativement rêche et sera donc souvent mélangée à du coton ou d’autres textiles.
En revanche, la viscose de bambou est très douce, mais c’est une fibre artificielle. Néanmoins, cette situation peut changer car la rumeur court que certaines entreprises travaillent à une viscose de bambou écologique. Il n’est donc pas impossible qu’une nouvelle viscose de bambou, moins polluante, fasse son apparition. Entre-temps, regardez l’étiquette !
Comment se repérer pour choisir ses produits en bambou ?
Faut-il un doctorat en biologie ou en économie pour acheter écolo ? Parfois c’est à se le demander ! Pour vous aider dans votre choix, voici quelques bonnes habitudes à prendre.
L’origine du bambou
Vient-il d’une plantation gérée écologiquement ? Cette plantation respecte-t-elle l’environnement et les droits des travailleurs ? A moins que le produit que vous achetez ne dispose d’un label clair pour être qualifié d’équitable, la plupart du bambou dans le commerce ne profite que très peu aux producteurs. En privilégiant de petites exploitations contrôlées, on évite les énormes productions qui sont synonymes de revenus bas et de conditions de travail difficiles.
L’âge de coupe
Si l’arbre est coupé trop tôt, les produits qui en sont issus seront de mauvaise qualité. On perd donc bien des avantages du matériau car la résistance et la souplesse seront fortement affectées. Cette pratique est malheureusement assez courante pour rentabiliser la production.
La composition du produit final
A-t-il subi des transformations faisant appel à des produits chimiques ?
Son prix
Celui-ci peut vous orienter dans certains cas, comme le textile ou les produits trop bon marchés sont à éviter.
Si il y a peu d’information, c’est généralement mauvais signe.
Des labels qui garantissent des conditions minimums
Pour vous repérer, vous pouvez aussi vous aider des labels, comme les labels FSC et Rainforest Alliance.
Les labels FSC
Les labels FSC prennent en compte l’aspect environnemental, mais aussi des aspects sociaux et économiques. Ils garantissent que les produits viennent de forêts dont la gestion est responsable.
Cela inclut un contrôle des conditions de travail et des salaires. Le label FSC requière aussi de veiller au respect des droits des populations autochtones. Vous avez sûrement déjà vu leur logo sur les rames de papier à imprimer. Il y a trois labels FSC :
- un label « 100% issu de forêts bien gérées »
- un label « recyclé »
- Et enfin, un label « mixte, issu de sources responsables »
Un label limitant la récolte
Pour ce dernier label « mixte », au moins 70% des fibres doivent provenir de forêts certifiées FSC. Connu pour le bois et ses produits dérivés, le label FSC existe aussi pour le bambou. Le bambou labélisé FSC garantit une provenance d’une exploitation durable. Il fixe la limite de récolte par plantation annuelle à 20%, ainsi que l’âge de coupe du bambou à minimum cinq ans.
Le label Rainforest Alliance
Le label Rainforest Alliance (à la petite grenouille verte) certifie lui la préservation de la biodiversité, des revenus améliorés pour les travailleurs, la préservation des ressources naturelles et une gestion responsable des exploitations.
D’autres labels existent, ce sont de bons repères pour le consommateur. Le bambou bio est rare, et souvent réservé à la consommation et aux compléments alimentaires. Car oui vous pouvez consommer du bambou, aux propriétés reminéralisantes.
Traditionnellement, on dit même que le bambou rend fort et ralentit le vieillissement. Les chinois consomment ce qu’ils appellent le « tabashir, » connu sous le nom de « tenchikuo » au Japon. C’est un dépôt qui se forme dans les nœuds de ce dernier. Sa très haute teneur en silice (jusqu’à 70%) en fait une substance intéressante, l’équivalent de notre prêle européenne.
Alors le bambou, écologique ou non?
Réponse: cela dépend ! Choisir le bambou plutôt que le plastique : oui ! Mais de préférence produit de façon écologique et équitable.
Si le bambou en lui-même peut obtenir bien des louanges écologiques, il faut prendre en compte l’ensemble des conditions de fabrication et d’acheminement d’un produit pour pouvoir juger réellement de son impact environnemental. Donc le bambou écologique pour nos ustensiles de cuisine ou nos brosses à dent oui, mais la viscose de bambou hautement transformée dans nos textiles, non !
L’état des lieux a bien des chances de
progresser car les fabricants s’adaptent à notre demande toujours croissante de
produits respectueux de l’environnement et des êtres vivants, travailleurs
inclus ! En consommateurs avertis, achetons en connaissance de cause et de
choisissons un bambou écologique !